Chemin de Croix en lectio divina

UN CHEMIN DE CROIX AVEC SAINT PAUL

 

Version imprimable – CHEMIN DE CROIX

 

J’estime que tout est détriment, par rapport à la suréminente connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur, pour qui j’ai regardé toutes ces choses comme un détriment ; et je les considère comme balayures afin de gagner le Christ et d’être ‘trouvé en Lui’, n’ayant pas ma propre justice – celle de la Loi – mais celle de la foi du Christ : la justice qui vient de Dieu, fondée sur la foi et qui consiste à le connaître, Lui, ainsi que la puissance de sa Résurrection et la communion à sa Passion ; conformé à sa mort, m’efforçant seulement de parvenir à la résurrection d’entre les morts. Ce n’est pas que je sois déjà au but, ni que je sois déjà parfait, mais je poursuis ma course, impatient de saisir, parce que j’ai été moi-même saisi par le Christ Jésus. Frères, je ne prétends pas avoir déjà saisi. Une seule chose : oubliant ce qui est derrière moi et tendu vers ce qui est en avant, je ne vois que le but et je cours, afin de gagner le prix de la vocation d’en haut, l’appel de Dieu dans le Christ Jésus (Ph 3,8-14).

 

PRIÈRE : 

Seigneur, nous savons que tu aimes sans mesure, 
toi qui n’a pas refusé ton propre Fils 
mais qui l’as livré pour sauver tous les hommes ;
 Aujourd’hui encore, montre-nous ton amour : 
nous voulons suivre le Christ 
qui marche librement vers sa mort ;
soutiens-nous comme tu l’as soutenu, 
et sanctifie-nous dans le mystère de sa Pâque.
 Lui qui règne pour les siècles des siècles. Amen

 

Première station : Jésus est condamné à mort

«  Crucifierai-je votre roi ? » (Jn 19,15)

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :


Paul se leva et dit : « Frères, vous les enfants de la race d’Abraham et vous ici présents qui craignez Dieu, c’est à vous que ce message de salut a été envoyé. En effet, les habitants de Jérusalem et leurs chefs ont accompli sans le savoir les paroles des prophètes qu’on lit chaque sabbat. Sans trouver en lui aucun motif de mort, ils l’ont condamné et ont demandé à Pilate de le faire périr. Et lorsqu’ils eurent accompli tout ce qui était écrit de lui, ils le descendirent du gibet et le mirent au tombeau. Mais Dieu l’a ressuscité (Ac 13,26-30).

Je t’en prie devant Dieu qui donne la vie à toutes choses et devant le Christ Jésus qui, sous Ponce Pilate, a rendu son beau témoignage, garde le commandement sans tache et sans reproche, jusqu’à l’Apparition de notre Seigneur Jésus Christ (1 Tm 6,13-14).

L’espérance ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous fut donné. C’est en effet alors que nous étions sans force, c’est alors, au temps fixé, que le Christ est mort pour des impies; – à peine en effet voudrait-on mourir pour un homme juste; pour un homme de bien, oui, peut-être osera-t-on mourir;  – mais la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous (Rm 5,5-8).

Nous étions naguère des insensés, des rebelles, des égarés, esclaves d’une foule de convoitises et de plaisirs, vivant dans la malice et l’envie, odieux et nous haïssant les uns les autres. Mais le jour où apparurent la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes, il ne s’est pas occupé des oeuvres de justice que nous avions pu accomplir, mais, poussé par sa seule miséricorde, il nous a sauvés par le bain de la régénération et de la rénovation en l’Esprit Saint. Et cet Esprit, il l’a répandu sur nous à profusion, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par la grâce du Christ, nous obtenions en espérance l’héritage de la vie éternelle (Tt 3,3-6).

MÉDITATION : 

Jusqu’à ces derniers temps, Dieu a souffert que nous nous laissions emporter à notre gré par des mouvements désordonnés, séduits par les voluptés et les passions, nullement parce qu’il éprouvait un malin plaisir à nous voir pécher ; seulement il tolérait, non qu’il l’approuvât, ce règne de l’iniquité. Bien au contraire, il préparait le règne actuel de la justice, afin que, ayant bien prouvé, dans cette première phase, que nos propres œuvres nous rendaient indignes de la vie, nous en devenions maintenant dignes par l’effet de la bonté divine, et que, nous étant montrés incapables d’accéder par nous-mêmes au royaume de Dieu, la puissance de Dieu nous en rende maintenant capables. Lorsque notre perversité fut à son comble et qu’il fut devenu pleinement manifeste que la récompense qu’on en pouvait attendre était le supplice et la mort, alors arriva le temps que Dieu avait marqué pour y manifester désormais sa bonté et sa puissance : quelle surabondance de la bonté pour les hommes et de l’amour divins ! Il ne nous a pas haïs, il ne nous a pas repoussés, ni tenu rancune, mais au contraire il a longtemps patienté, il nous a supportés. Nous prenant en pitié, il a assumé lui-même nos propres péchés ; il a livré lui-même son propre Fils en rançon pour nous, livrant le saint pour les criminels, l’innocent pour les méchants, le juste pour les injustes, l’incorruptible pour les corrompus, l’immortel pour les mortels. Quoi d’autre aurait pu couvrir nos péchés, sinon sa justice ? En qui pouvions-nous être justifiés, criminels et impies que nous étions, sinon par le seul Fils de Dieu ? Ô doux échange, opération impénétrable, ô bienfaits inattendus : le crime du grand nombre est enseveli dans la justice d’un seul et la justice d’un seul justifie un grand nombre de criminels. Il a d’abord, au cours du temps passé, convaincu notre nature de son impuissance à obtenir la vie ; maintenant il nous a montré le Sauveur qui a la puissance de sauver même ce qui ne pouvait l’être : par ce double moyen, il a voulu que nous eussions foi en sa bonté et que nous vissions en Lui nourricier, père, maître, conseiller, médecin, intelligence, lumière, honneur, gloire, force, vie – sans plus nous inquiéter du vêtement et de la nourriture (ÉPîTRE À DIOGNÈTE).

Prière : Père très saint, nous te rendons grâces, par le Christ notre Seigneur. Alors qu’il était innocent, il a voulu souffrir pour les coupables, et sans avoir commis le mal, il s’et laissé juger et traiter comme un criminel ; en mourant, il détruit notre péché ; en ressuscitant, il nous fait vivre et nous sanctifie. Béni sois-tu Père, en ton Fils, ans l’Esprit. Amen.

 

 

Deuxième station : Jésus est chargé de sa Croix

« Jésus sortit en portant lui-même sa croix » (Jn 19,17)    

 

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU

Le langage de la croix est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, il est puissance de Dieu. Car il est écrit: Je détruirai la sagesse des sages, et l’intelligence des intelligents je la rejetterai. Où est-il, le sage? Où est-il, l’homme cultivé? Où est-il, le raisonneur de ce siècle? Dieu n’a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde?

 Puisqu’en effet le monde, par le moyen de la sagesse, n’a pas reconnu Dieu dans la sagesse de Dieu, c’est par la folie du message qu’il a plu à Dieu de sauver les croyants. Alors que les Juifs demandent des signes et que les Grecs sont en quête de sagesse, nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, c’est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.

 Aussi bien, frères, considérez votre appel: il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens bien nés. Mais ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi; ce qui n’est pas, pour réduire à rien ce qui est, afin qu’aucune chair n’aille se glorifier devant Dieu.

 Car c’est par Lui que vous êtes dans le Christ Jésus qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification et rédemption, afin que, comme il est écrit, celui qui se glorifie, qu’il se glorifie dans le Seigneur. Pour moi, quand je suis venu chez vous, frères, je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige de la parole ou de la sagesse. Non, je n’ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié (1 Co 1,18 à 2,2).

MÉDITATION :


Quel don infiniment précieux que la Croix ! 
La beauté qu’elle nous présente n’est pas mêlée de mal et de bien,
 comme jadis l’arbre du jardin d’Eden.
 Elle est tout entière admirable et belle à voir et à partager. 
En effet, c’est un arbre qui donne la vie et non la mort ;
la lumière et non l’aveuglement.
 Elle fait entrer dans le Paradis, elle n’en fait pas sortir.
 Cet arbre sur lequel le Christ est monté, comme un roi sur son char de triomphe,
 a perdu le diable, qui avait le pouvoir de la mort,
 en délivrant le genre humain de l’esclavage du tyran.
 C’est sur cet arbre que le Seigneur, comme un combattant d’élite, 
blessé aux mains, aux pieds et à son côté divin, 
a guéri les cicatrices du péché,
 c’est-à-dire notre nature blessée par le dragon mauvais.
 Après avoir été mis à mort par le bois, nous avons trouvé la vie par le bois ;
après avoir été trompés par le bois,
 c’est par le bois que nous avons repoussé le serpent trompeur.

Théodore le studite

Prière :

Ô Christ, toi qui acceptes la croix de la main des hommes, 
pour en faire le signe 
de l’amour salvifique de Dieu pour l’homme, 
accorde-nous, ainsi qu’à tous les hommes de notre temps, 
la grâce de la foi en cet amour infini, 
afin que, en transmettant le signe de la croix, 
nous soyons des témoins authentiques de la Rédemption. 
À toi, Jésus, prêtre et victime, la louange et la gloire pour les siècles. Amen.

 

Troisième station : Jésus tombe pour la première fois

 

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU

Ayez en vous les mêmes dispositions qui étaient dans le Christ Jésus,

Lui qui, étant Dieu par nature
 n’a pas jugé bon d’utiliser à son propre avantage
 son égalité avec Dieu ;

mais au contraire il s’en dépouilla lui-même, 
prenant la nature d’esclave,
 étant devenu semblable aux hommes, 
et trouvé en tout comme un homme,

il s’humilia encore lui-même, se faisant obéissant 
jusqu’à la mort, et la mort de la Croix.

C’est pourquoi Dieu l’a exalté au-dessus de tout
 et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom,

pour qu’au Nom de Jésus tout genou fléchisse 
au ciel, sur la terre et dans les enfers,

et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur 
à la gloire de Dieu le Père (Ph 2,5-11)

MÉDITATION :

L’homme est tombé et tombe toujours de nouveau : combien de fois n’est-il que la caricature de lui-même, et non plus l’image de Dieu, tournant ainsi en dérision le Créateur ? N’est-il pas l’image de l’homme par excellence celui qui, descendant de Jérusalem à Jéricho, fut attaqué par les brigands qui le dépouillèrent et le laissèrent à moitié mort, ensanglanté au bord du chemin ! La chute de Jésus sous la croix n’est pas seulement la chute de l’homme Jésus déjà épuisé par la flagellation. Ici apparaît quelque chose de plus profond, comme dit Paul dans la lettre aux Philippiens : « Lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes … il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix » (Ph 2,6-8). Dans la chute de Jésus sous le poids de la croix, apparaît tout son parcours : son abaissement volontaire pour ôter notre orgueil. Et en même temps apparaît la nature de notre orgueil : l’arrogance avec laquelle nous voulons nous émanciper de Dieu et n’être rien d’autre que nous-mêmes, l’arrogance avec laquelle nous croyons ne pas avoir besoin de l’amour éternel, mais avec laquelle nous voulons maîtriser notre vie tout seuls. Dans cette rébellion contre la vérité, dans cette tentative d’être nous-mêmes des dieux, d’être créateurs et juges de nous-mêmes, nous tombons et nous finissons par nous détruire nous-mêmes. L’abaissement de Jésus est le dépassement de notre orgueil : par son abaissement, il nous relève. Laissons-le nous relever. Dépouillons-nous de notre autosuffisance, de notre envie erronée d’autonomie et, au contraire, apprenons de lui, de lui qui s’est abaissé, à trouver notre véritable grandeur, en nous abaissant et en nous tournant vers Dieu et vers nos frères humiliés (Cardinal RATZINGER – Benoît XVI).

Bien-aimés, l’abaissement de la divinité est notre relèvement.
 C’est à un prix aussi élevé que nous sommes rachetés,
 c’est à de si grands frais que nous sommes guéris. (Saint Léon le Grand).

PRIÈRE :       

Seigneur Jésus, le poids de la croix t’a fait tomber à terre. Le poids de notre péché, le poids de notre orgueil t’a terraé. Mais ta chute n’est pas le signe d’un destin hostile, elle n’est pas la pure et simple faiblesse de celui qui est outragé. Tu as voulu venir à nous, nous qui, en raison de notre orgueil, gisons à terre. L’orgueil qui nous fait penser que nous avons la capacité de produire l’homme a contribué à ce que les hommes soient devenus une sorte de marchandise, pouvant s’acheter et se vendre, tel un réservoir de matériaux pour nos expérimentations, grâce auxquelles nous espérons vaincre la mort par nous-mêmes, alors qu’en vérité, nous ne faisons rien d’autre qu’humilier toujours plus profondément la dignité de l’homme. Seigneur, aide-nous parce que nous sommes tombés. Aide-nous à abandonner notre orgueil destructeur, en apprenant, par ton humilité, à nous relever de nouveau.

 

Quatrième station : Jésus rencontre sa Mère  

 

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

 Vous êtes tous fils de Dieu, par la foi, dans Christ Jésus. Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ: il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus. Mais si vous appartenez au Christ, vous êtes donc la descendance d’Abraham, héritiers selon la promesse. Or je dis: aussi longtemps qu’il est un enfant, l’héritier, quoique propriétaire de tous les biens, ne diffère en rien d’un esclave. Il est sous le régime des tuteurs et des intendants jusqu’à la date fixée par son père. Nous aussi, durant notre enfance, nous étions asservis aux éléments du monde. Mais quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sujet de la loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l’adoption filiale. Et la preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos coeurs l’Esprit de son Fils qui crie: Abba, Père! Aussi n’es-tu plus esclave mais fils; fils, et donc héritier de par Dieu. Jadis, dans votre ignorance de Dieu, vous fûtes asservis à des dieux qui au vrai n’en sont pas; mais maintenant que vous avez connu Dieu ou plutôt qu’il vous a connus, comment retourner encore à ces éléments sans force ni valeur, auxquels à nouveau, comme jadis, vous voulez vous asservir? (Ga 3,26 à 4,9).

Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ. C’est ainsi qu’Il nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ. Tel fut le bon plaisir de sa volonté, à la louange de gloire de sa grâce, dont Il nous a gratifiés dans le Bien-Aimé. En lui nous trouvons la rédemption, par son sang, la rémission des fautes, selon la richesse de sa grâce, qu’Il nous a prodiguée, en toute sagesse et intelligence: Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, ce dessein bienveillant qu’Il avait formé en lui par avance, pour le réaliser quand les temps seraient accomplis: ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres. C’est en lui encore que nous avons été mis à part, désignés d’avance, selon le plan préétabli de Celui qui mène toutes choses au gré de sa volonté, pour être, à la louange de sa gloire, ceux qui ont par avance espéré dans le Christ. C’est en lui que vous aussi, après avoir entendu la Parole de vérité, l’Evangile de votre salut, et y avoir cru, vous avez été marqués d’un sceau par l’Esprit de la Promesse, cet Esprit Saint qui constitue les arrhes de notre héritage, et prépare la rédemption du Peuple que Dieu s’est acquis, pour la louange de sa gloire (Ep 1,3-14).

 

MÉDITATION :


Sainte Marie, Mère de Dieu,
 gardez-moi un cœur d’enfant,
 pur et transparent comme une source,

obtenez-moi un cœur simple
 qui ne savoure pas les tristesses,

un cœur magnifique à se donner, 
tendre à la compassion,

un cœur fidèle et généreux
 qui n’oublie aucun bien 
et ne tienne rancune d’aucun mal.

Faites-moi un cœur doux et humble,
 aimant sans demander de retour,
 joyeux de s’effacer dans un autre cœur,
 devant votre divin Fils,

un cœur grand et indomptable
 qu’aucune ingratitude ne ferme
 qu’aucune indifférence ne lasse, 
un cœur tourmenté de la gloire de Jésus-Christ,

blessé de son amour 
et dont la plaie ne guérisse qu’au ciel.

Amen.

(P. Léonce de Grandmaison)

 

PRIÈRE : 

Ô Marie, toi qui as parcouru 
le chemin de la croix avec ton Fils, 
déchirée de douleur dans ton cœur de mère,
 mais t

 

e souvenant toujours de ton fiat 
et intimement convaincue que Celui à qui rien n’est impossible 
saurait réaliser ses promesses,
 implore pour nous et pour les hommes des générations futures 
la grâce de l’abandon à l’amour de Dieu.
 Fais que, face à la souffrance, au refus, à l’épreuve,
 même prolongée et violente,
 nous ne doutions jamais de son amour. 
À Jésus, ton Fils, 
honneur et gloire pour les siècles. Amen.

 

Cinquième station : Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix 

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

 Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous, afin de gagner le plus grand nombre. Je me suis fait Juif avec les Juifs, afin de gagner les Juifs; sujet de la Loi avec les sujets de la Loi – moi, qui ne suis pas sujet de la Loi – afin de gagner les sujets de la Loi. Je me suis fait un sans-loi avec les sans-loi – moi qui ne suis pas sans une loi de Dieu, étant sous la loi du Christ – afin de gagner les sans-loi. Je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l’Evangile, afin d’en avoir ma part. Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix? Courez donc de manière à le remporter. Tout athlète se prive de tout; mais eux, c’est pour obtenir une couronne périssable, nous une impérissable. Et c’est bien ainsi que je cours, moi, non à l’aventure; c’est ainsi que je fais du pugilat, sans frapper dans le vide. Je meurtris mon corps au contraire et le traîne en esclavage, de peur qu’après avoir servi de héraut pour les autres, je ne sois moi-même disqualifié (1 Co 9,19-27).

MÉDITATIONS :

 Simon s’était trouvé là par hasard ; il ne savait pas que cette rencontre allait être extraordinaire. Comme il a été écrit : « Combien d’hommes depuis, des infinités d’hommes dans les siècles des siècles auraient voulu être là, à sa place, avoir passé, être passés par là juste à ce moment-là. Juste là. Mais voilà, il était trop tard, c’était lui qui était passé, et dans l’éternité, dans les siècles des siècles il ne donnerait pas sa place à d’autres ». C’est le mystère de la rencontre avec Dieu qui passe à l’improviste dans de nombreuses vies. Paul, l’apôtre, avait été pris, « saisi » par le Christ sur la route de Damas. C’est pourquoi il avait ensuite repris chez Isaïe les paroles surprenantes de Dieu : « J’ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, je me suis manifesté à ceux qui ne me demandaient rien ».

Dieu est aux aguets sur les sentiers de notre existence quotidienne. C’est lui qui frappe parfois à nos portes, demandant une place à nos tables pour prendre un repas avec nous. Même un imprévu, comme celui qu’a rencontré Simon de Cyrène, peut devenir une grâce de conversion ; c’est d’autant plus vrai que l’évangéliste Marc citera les noms des fils de cet homme devenus chrétiens, Alexandre et Rufus. Le Cyrénéen est ainsi l’emblème de la rencontre mystérieuse entre la grâce divine et l’action humaine. À la fin, en effet, l’évangéliste le représente comme le disciple qui « porte la croix derrière Jésus », en suivant ses pas.

Le geste qu’on l’a forcé à exécuter devient le symbole de tous les actes de solidarité envers les personnes qui souffrent, qui sont opprimées et qui peinent. Le Cyrénéen représente ainsi la multitude des personnes généreuses, des missionnaires, des Samaritains qui ne « passent pas de l’autre côté » de la route, mais qui se penchent sur les malheureux, qui les portent pour les soutenir. Sur la tête et sur les épaules de Simon, qui se courbent sous le poids de la croix, résonnent alors les paroles de saint Paul : « Portez les fardeaux les uns des autres : ainsi vous accomplirez la loi du Christ » (Ravasi).

PRIÈRE :

Ô Christ, qui as conféré à Simon de Cyrène
 la dignité de porter ta croix,
 accueille-nous aussi sous son poids,
 accueille tous les hommes 
et donne à chacun la grâce de la disponibilité.
 Fais que nous ne détournions pas notre regard de ceux
 qui sont accablés par la croix de la maladie,
 de la solitude, de la faim, de l’injustice.
 Fais que, portant les poids les uns des autres,
 nous devenions témoins de l’évangile de la croix,
 des témoins véritablement crédibles de toi,
 qui vis et règnes pour les siècles des siècles. Amen.

 

Sixième station : Véronique essuie le visage de Jésus

 

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

Nous savons qu’avec ceux qui l’aiment, Dieu collabore en tout pour leur bien, avec ceux qu’il a appelés selon son dessein. Car ceux que d’avance il a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l’image de son Fils, afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères; et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés; ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés; ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. Que dire après cela? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Lui qui n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur? Qui se fera l’accusateur de ceux que Dieu a élus? C’est Dieu qui justifie. Qui donc condamnera? Le Christ Jésus, celui qui est mort, que dis-je? Ressuscité, qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous? Qui nous séparera de l’amour du Christ? La tribulation, l’angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive? Selon le mot de l’Ecriture: A cause de toi, l’on nous met à mort tout le long du jour; nous avons passé pour des brebis d’abattoir. Mais en tout cela nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous a aimés. Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur (Rm 8,28-39).

MÉDITATIONS :
 

Un jour, suscitant les critiques de l’assistance, Jésus prit la défense d’une femme pécheresse qui avait versé sur ses pieds de l’huile parfumée et qui les avait essuyés avec ses cheveux. À l’objection qui lui fut faite alors, il répondit : «Pourquoi tourmenter cette femme ? C’est une action charitable qu’elle a faite à mon égard […]. Si elle a versé ce parfum sur mon corps, c’est en vue de mon ensevelissement» (Mt 26, 10. 12). On pourrait aussi appliquer ces paroles à Véronique.

Ainsi est manifestée la portée profonde de cet événement.

Le Rédempteur du monde donne à Véronique une image authentique de son visage.

Le voile sur lequel reste imprimé le visage du Christ devient un message pour nous. Il dit en un sens : Voilà comment toute action bonne, tout geste de véritable amour envers le prochain renforce en celui qui l’accomplit la ressemblance avec le Rédempteur du monde.

Les actes d’amour ne passent pas. Tout geste de bonté, de compréhension, de service, laisse dans le cœur de l’homme un signe indélébile, qui le rend toujours plus semblable à Celui qui «se dépouilla lui-même, en prenant la condition de serviteur» (Ph 2, 7).
Ainsi se forme l’identité de l’homme, son vrai nom (Jean-Paul II).

 

PRIÈRE

Seigneur Jésus Christ,
 Toi qui as accepté
 le geste désintéressé d’amour d’une femme 
et qui en retour as fait en sorte 
que les générations s’en souviennent avec le nom de ton visage,
 fais que nos actions, 
et celles de tous ceux qui viendront après nous, 
nous rendent semblables à toi
 et laissent au monde le reflet
 de ton amour infini.
 À toi, Jésus, splendeur de la gloire du Père,
 louange et gloire pour les siècles. Amen.

 

Septième station : Jésus tombe pour la deuxième fois 

 

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

 Cinq fois j’ai reçu des Juifs les 39 coups de fouet; trois fois j’ai été battu de verges; une fois lapidé; trois fois j’ai fait naufrage. Il m’est arrivé de passer un jour et une nuit dans l’abîme! Voyages sans nombre, dangers des rivières, dangers des brigands, dangers de mes compatriotes, dangers des païens, dangers de la ville, dangers du désert, dangers de la mer, dangers des faux frères! Labeur et fatigue, veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité! Et sans parler du reste, mon obsession quotidienne, le souci de toutes les Eglises! Qui est faible, que je ne sois faible? Qui vient à tomber, qu’un feu ne me brûle? S’il faut se glorifier, c’est de mes faiblesses que je me glorifierai (2 Co 11,24-30).

Pour que l’excellence même des révélations ne m’enorgueillisse pas, il m’a été mis une écharde en la chair, un ange de Satan chargé de me souffleter – pour que je ne m’enorgueillisse pas! A ce sujet, par trois fois, j’ai prié le Seigneur pour qu’il s’éloigne de moi. Mais il m’a déclaré: « Ma grâce te suffit: car la puissance se déploie dans la faiblesse. » C’est donc de grand coeur que je me glorifierai surtout de mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ. C’est pourquoi je me complais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les détresses, dans les persécutions et les angoisses endurées pour le Christ; car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort (2 Co 12,7-10).

MEDITATIONS : 

Sur le chemin du Calvaire, le Christ rencontre tout homme et, tombant sous le poids de la croix, il ne cesse d’annoncer la Bonne Nouvelle.

Depuis deux mille ans, l’évangile de la croix parle à l’homme.

Depuis vingt siècles, le Christ qui se relève de la chute rencontre l’homme qui tombe.

Tout au long de ces deux millénaires, beaucoup en ont fait l’expérience : tomber ne signifie pas la fin du chemin.

En rencontrant le Sauveur, ils se sont sentis rassurés par Lui : «Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse» (2 Cor 12, 9).

Ils se sont relevés réconfortés et ils ont transmis au monde la parole de l’espérance qui jaillit de la croix.

Aujourd’hui, une fois franchi le seuil du nouveau millénaire, nous sommes appelés à approfondir le contenu de cette rencontre.

Il faut que notre génération transmette aux siècles futurs la bonne nouvelle de notre relèvement dans le Christ (Jean-Paul II).

Lorsque le Fils de Dieu dit : « Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi », il parle le langage de notre nature et il plaide la cause de la fragilité et de la faiblesse humaines, pour dans les souffrances qu’il faudra endurer, la patience soit fortifiée et la frayeur repoussée.

Enfin, cessant de demander cela, après avoir en quelque sorte excusé la crainte propre à notre faiblesse, crainte dans laquelle il ne nous est pas bon de rester, il passe à un autre sentiment et dit : « Cependant non pas comme je veux, mais comme tu veux » et encore : « Si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ».

Cette parole du chef est le salut de tout le corps ;
cette parole a instruit tous les fidèles,
 a enflammé tous les confesseurs,
 a couronné tous les martyrs.
 Qui, en effet, pourrait surmonter les haines du monde, 
les tempêtes des tentations, 
les terreurs des persécutions,
 si le Christ, en nous tous et en notre nom à tous, n’avait dit à son Père : « Que ta volonté soit faite » ?
Que tous l’entendent donc cette parole,
 tous les fils de l’Eglise, rachetés à grand prix, justifiés gratuitement ;
et lorsque fondra sur eux l’assaut de quelque furieuse tentation,
 qu’ils aient recours à la prière la plus puissante :
alors, ayant surmonté la peur et les tremblements, ils sauront surmonter la souffrance (Saint Léon le Grand).

PRIÈRE : 

Seigneur Jésus Christ, 
toi qui tombes sous le poids du péché de l’homme
 et qui te relèves pour le prendre sur toi et l’effacer,
 donne-nous, à nous hommes faibles, 
la force de porter la croix de chaque jour 
et de nous relever de nos chutes,
 pour transmettre aux générations qui viendront 
l’Évangile de ta puissance salvifique.
 À toi, Jésus, soutien de notre faiblesse, 
la louange et la gloire pour les siècles. Amen.

 

Huitième station : Jésus rencontre les filles de Jérusalem 

 

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU : 

Si quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle: l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. Et le tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. Car c’était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes, et mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc en ambassade pour le Christ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ: laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’avait pas connu le péché, Il l’a fait péché pour nous, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu. Et puisque nous sommes ses coopérateurs, nous vous exhortons encore à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu. Il dit en effet: Au moment favorable, je t’ai exaucé; au jour du salut, je t’ai secouru. Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut. Nous ne donnons à personne aucun sujet de scandale, pour que le ministère ne soit pas décrié. Au contraire, nous nous recommandons en tout comme des ministres de Dieu: par une grande constance dans les tribulations, dans les détresses, dans les angoisses, sous les coups, dans les prisons, dans les désordres, dans les fatigues, dans les veilles, dans les jeûnes; par la pureté, par la science, par la patience, par la bonté, par un esprit saint, par une charité sans feinte, par la parole de vérité, par la puissance de Dieu; par les armes offensives et défensives de la justice; dans l’honneur et l’ignominie, dans la mauvaise et la bonne réputation; tenus pour imposteurs et pourtant véridiques; pour gens obscurs, nous pourtant si connus; pour gens qui vont mourir, et nous voilà vivants; pour gens qu’on châtie, mais sans les mettre à mort; pour tristes, nous qui sommes toujours joyeux; pour pauvres, nous qui faisons tant de riches; pour gens qui n’ont rien, nous qui possédons tout (2 Co 5,17 à 6,10).

MÉDITATIONS :


Les paroles de Jésus aux femmes de Jérusalem qui pleuraient, exprimaient leur compassion pour le Condamné.

«Ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants !» À ce moment-là, il était certainement difficile de comprendre le sens de ces paroles. Elles contenaient une prophétie, qui devait se vérifier rapidement.

Peu avant, Jésus avait pleuré sur Jérusalem, annonçant l’horrible sort qui la frapperait.

Maintenant, il semble se référer à cette prédiction : «Pleurez sur vos enfants…»

Pleurez, parce qu’ils seront, eux précisément, témoins et participants de la destruction de Jérusalem, de cette Jérusalem qui «n’a pas reconnu le moment où Dieu la visitait» (cf. Lc 19, 44).

Si, tandis que nous suivons Jésus sur le chemin de la croix, s’éveille en nos cœurs la compassion pour sa souffrance, nous ne pouvons pas oublier cet avertissement.

«Si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ?»

Pour notre génération, plutôt que de pleurer sur le Christ martyrisé, c’est l’heure de «reconnaître le temps où elle est visitée». Déjà resplendit l’aurore de la Résurrection. «C’est maintenant le moment favorable, c’est maintenant le jour du salut» (2 Co 6, 2).

À chacun de nous, le Christ adresse ces paroles de l’Apocalypse : «Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. Le vainqueur, je le ferai siéger près de moi sur mon Trône, comme moi-même, après ma victoire, je suis allé siéger près de mon Père sur son Trône» (3, 20-21) (Jean-Paul II).

PRIÈRE

Ô Christ, toi qui es venu en ce monde 
pour visiter tous ceux qui attendent le salut,
 fais que notre génération 
reconnaisse le temps où elle est visitée 
et qu’elle ait part aux fruits de ta Rédemption. 
Ne permets pas qu’il faille pleurer sur nous
 et sur les hommes du nouveau siècle 
parce que nous avons repoussé 
la main du Père miséricordieux.
 À toi, Jésus, né de la Vierge Fille de Sion, 
honneur et gloire pour les siècles éternels. Amen.

 

Neuvième station : Jésus tombe pour la troisième fois

 

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

 Vous étiez jadis étrangers et ennemis par vos pensées, suivant la voie des actions mauvaises. Mais maintenant, il vous a réconciliés dans le corps de sa chair, par la mort, pour vous présenter saints, sans tache, irréprochables devant lui, si du moins vous demeurez fondés dans la foi, et fermes, sans vous laisser détacher de l’espérance de l’Évangile que vous avez entendu, qui a été proclamé dans toute la création sous le ciel, Évangile dont je suis devenu, moi, Paul, le serviteur. Maintenant je me réjouis dans mes souffrances pour vous, et je complète ce qui manque aux tribulations du Christ dans ma chair, pour son Corps qui est l’Église, dont moi je suis devenu le serviteur selon l’économie de Dieu, celle qu’il m’a donnée afin que s’accomplisse pour vous la parole de Dieu : le mystère qui a été caché aux siècles et aux générations, mais qui maintenant a été révélé aux saints de Dieu, ceux à qui Dieu a voulu faire connaître la richesse de la gloire de ce mystère parmi les nations : le Christ parmi vous, l’espérance de la gloire ! Lui que nous vous annonçons, avertissant tout homme et instruisant tout homme en toute sagesse, pour que nous présentions tout homme à l’état parfait dans le Christ : but pour lequel je peine, combattant selon l’énergie de Dieu, qui opère en moi dans la puissance (Col 1,21-28).

MÉDITATIONS :

Par trois fois, Seigneur Jésus, tu es tombé pour nous relever.

Par trois fois, au désert, tu fus tenté et tes victoires font de nous un peuple de prêtres, de prophètes et de rois.

Louange à toi, Seigneur Jésus !

Par trois fois, nous sommes plongés dans les eaux du baptême ;

immergés dans la mort, nous en sommes relevés par trois fois.

Sur ton chemin de croix, Jésus, tu tombes aussi trois fois.

C’est pour nous faire sortir régénérés que tu descends avec nous dans la mort.

C’est au prix exorbitant de ta mort que nous avons la vie.

Béni es-tu, Sauveur.

Par trois fois Pierre tombe, mais c’est encore Jésus, par ses chutes, qui le relève.

Louange à toi, Seigneur Jésus !

PRIÈRE

Seigneur Jésus,
 Toi qui, avec un entier dévouement, as accepté de mourir sur la croix
 pour nous sauver,
 fais que nous ayons part, ainsi que tous les hommes du monde,
 à ton sacrifice sur la croix,
 afin que notre existence comme nos actions
 expriment notre participation libre et consciente 
à ton œuvre de salut.
 À toi, Jésus, Prêtre et Victime, 
honneur et gloire pour les siècles. Amen.

 

Dixième station : Jésus est dépouillé de ses vêtements

 

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :


C’est dans le Christ que vous avez été circoncis d’un circoncision qui n’est pas de main d’homme, par l’entier dépouillement de votre corps charnel; telle est la circoncision du Christ : ensevelis avec lui lors du baptême, vous en êtes aussi ressuscités avec lui, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui l’a ressuscité des morts. Vous qui étiez morts du fait de vos fautes et de votre chair incirconcise, Il vous a fait revivre avec lui! Il nous a pardonné toutes nos fautes! Il a effacé, au détriment des ordonnances légales, la cédule de notre dette, qui nous était contraire; il l’a supprimée en la clouant à la croix. Il a dépouillé les Principautés et les Puissances et les a données en spectacle à la face du monde, en les traînant dans son cortège triomphal (Col 2,11-15).

Mortifiez vos membres terrestres : fornication, impureté, passion coupable, mauvais désirs, et la cupidité qui est une idolâtrie ; voilà ce qui attire la colère divine sur ceux qui résistent. Vous-mêmes, vous vous conduisiez naguère de la sorte, quand vous viviez parmi eux. Et bien ! à présent, vous aussi, rejetez tout cela : colère, emportement, malice, outrage, vilains propos, doivent quitter vos lèvres ; ne vous mentez plus les uns aux autres. Vous vous êtes dépouillés du vieil homme avec ses agissements, et vous avez revêtu le nouveau, celui qui s’achemine vers la vraie connaissance en se renouvelant à l’image de son Créateur. Là, il n’est plus question de Grec ou de Juif, de circoncision ou d’incirconcision, de Barbare, de Scythe, d’esclave, d’homme libre ; il n’y a que le Christ qui est tout et en tout. Vous donc , les élus de Dieu, ses saints et ses bien-aimés, revêtez des sentiments de tendre compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience ; supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement, si l’un a contre l’autre quelque sujet de plainte ; le Seigneur vous a pardonnés, faites de même à votre tour. Et puis, par dessus tout, la charité, en laquelle se noue la perfection. Avec cela, que la paix du Christ règne dans vos coeurs : tel est bien le terme de l’appel qui vous a rassemblés en un même Corps. Enfin, vivez dans l’action de grâces ! Que la Parole du Christ réside chez vous en abondance: instruisez-vous en toute sagesse par des admonitions réciproques. Chantez à Dieu de tout votre coeur avec reconnaissance, par des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés. Et quoi que vous puissiez dire ou faire, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, rendant par lui grâces au Dieu Père ! (Col 3,5-17).

 

 

MÉDITATIONS : 

En acceptant ce dépouillement, Jésus nous délivre de ces vêtements de peau de bêtes dont Adam avait été vêtu après son péché, afin de nous revêtir du manteau de l’immortalité.

Il s’était revêtu de tout ce qui était à nous : mais voici qu’il s’en dépouille pour nous en dépouiller en même temps que lui ; il nous délivre de nos péchés et de nos infirmités au moment de sa mort, afin de nous revêtir de son immortalité (Pseudo-Athanase).

Ceux qui avaient quelque pouvoir, quelque autorité sur toi Seigneur pouvaient bien se permettre maintenant de te dévêtir, de partager tes vêtements, de tirer au sort ta tunique.

Au cours du dernier repas, tu avais toi-même déposé et repris ton vêtement, pour te faire le serviteur de tes disciples; comme maintenant, tu déposes ta vie, pour la reprendre, en la donnant.

Désormais, les hommes peuvent se revêtir de toi. Vous tous, baptisés, par le Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n’y a plus ni juif, ni grec, ni esclave, ni homme libre. Il n’y a plus ni homme ni femme. Car tous, vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus.

Vous ne faites qu’un comme l’unique tunique du Christ.

Seigneur, nous te prions pour l’unité des hommes

l’unité des chrétiens

l’unité de l’Eglise.

pour la paix dans le monde.

PRIÈRE

Seigneur Jésus,
 Toi qui, avec un entier dévouement, as accepté de mourir sur la croix
 pour nous sauver, 
fais que nous ayons part, ainsi que tous les hommes du monde, 
à ton sacrifice sur la croix, 
afin que notre existence comme nos actions
 expriment notre participation libre et consciente
 à ton œuvre de salut.
 À toi, Jésus, Prêtre et Victime,
 honneur et gloire pour les siècles. Amen.

 

Onzième station : Jésus est cloué à la croix

 

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :


Je suis crucifié avec le Christ; et ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi (Ga 2,19-20).

Vous n’êtes pas dans la chair mais dans l’esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas, mais si le Christ est en vous, bien que le corps soit mort déjà en raison du péché, l’Esprit est vie en raison de la justice. Et si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Ainsi donc, mes frères, nous sommes débiteurs, mais non point envers la chair pour devoir vivre selon la chair. Car si vous vivez selon la chair, vous mourrez. Mais si par l’Esprit vous faites mourir les oeuvres du corps, vous vivrez. En effet, tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. Aussi bien n’avez-vous pas reçu un esprit d’esclaves pour retomber dans la crainte; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier: Abba! Père! L’Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu. Enfants, et donc héritiers; héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui. J’estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous (Rm 8,9-18).

MÉDITATIONS : 

Du haut de la croix le Christ attire par la puissance de l’amour,
 de l’Amour divin, qui ne s’est pas soustrait au don total de soi; 
de l’Amour infini, qui a élevé de terre sur l’arbre de la croix le poids du corps du Christ, pour compenser le poids de l’antique faute;
 de l’Amour sans limites, qui a comblé tout le manque d’amour et qui a permis à l’homme de se réfugier à nouveau dans les bras du Père miséricordieux.

Que le Christ élevé sur la croix nous attire, nous, hommes et femmes du nouveau millénaire!
 À l’ombre de la croix, «vivons dans l’amour comme le Christ nous a aimés et s’est livré pour nous en offrant à Dieu le sacrifice qui pouvait lui plaire» (cf. Ep 5, 2) (Jean-Paul II).

PRIÈRE

Christ élevé,
 Amour crucifié, 
remplis nos cœurs de ton amour,
 afin que nous reconnaissions dans ta Croix
 le signe de notre rédemption 
et que, attirés par tes blessures,
 nous vivions et mourions avec toi,
 qui règnes avec le Père et le Saint-Esprit,
 maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

 

Douzième station : Jésus meurt sur la croix 

 

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :


Si nous sommes morts au péché, comment continuer de vivre en lui? Ou bien ignorez-vous que, baptisés dans le Christ Jésus, c’est dans sa mort que tous nous avons été baptisés? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle. Car si c’est un même être avec le Christ que nous sommes devenus par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable; comprenons-le, notre vieil homme a été crucifié avec lui, pour que fût réduit à l’impuissance ce corps de péché, afin que nous cessions d’être asservis au péché. Car celui qui est mort est affranchi du péché. Mais si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivons aussi avec lui, sachant que le Christ une fois ressuscité des morts ne meurt plus, que la mort n’exerce plus de pouvoir sur lui. Sa mort fut une mort au péché, une fois pour toutes; mais sa vie est une vie à Dieu. Et vous de même, considérez que vous êtes morts au péché et vivants à Dieu dans le Christ Jésus. Que le péché ne règne donc plus dans votre corps mortel de manière à vous plier à ses convoitises. Ne faites plus de vos membres des armes d’injustice au service du péché; mais offrez-vous à Dieu comme des vivants revenus de la mort et faites de vos membres des armes de justice au service de Dieu. Car le péché ne dominera pas sur vous: vous n’êtes pas sous la Loi, mais sous la grâce (Rm 6,2-14).

C’est le Christ qui est notre paix, lui qui des deux peuples n’en a fait qu’un, détruisant la barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine, cette Loi des préceptes avec ses ordonnances, pour créer en sa personne les deux en un seul Homme Nouveau, faire la paix, et les réconcilier avec Dieu, tous deux en un seul Corps, par la Croix: en sa personne il a tué la Haine. Alors il est venu proclamer la paix, paix pour vous qui étiez loin et paix pour ceux qui étaient proches: par lui nous avons en effet, tous deux en un seul Esprit, libre accès auprès du Père (Ep 2,14-18).

MÉDITATIONS :

C’est une grande chose, juste ciel ! une chose ineffable, que le Christ se soit fait serviteur ; mais qu’il ait en outre souffert la mort, c’est une chose incomparablement plus grande encore. Et cependant il est quelque chose de plus grand et de plus étrange. Quoi donc ? C’est qu’il n’y ait pas de mort semblable à la sienne. Elle est la plus ignominieuse de toutes celles que nous pourrions imaginer ; à la honte se joint ici la malédiction : « Maudit, est-il écrit, quiconque est pendu au bois » (Dt 21,23) (Jean Chrysostome).

Charles de Foucauld, contemplant cet abaissement suprême, aimait à rappeler cette parole d’un sermon de M. Huvelin : le Christ a tellement pris la dernière place, que jamais personne n’a pu la lui ravir.

La Croix révèle « la puissance de Dieu » (cf. 1 Co1, 24) qui est différente du pouvoir humain ; elle révèle en effet son amour : « La folie de Dieu est plus sage que l’homme, et la faiblesse de Dieu est plus forte que l’homme » (ibid., v. 25). Plusieurs siècles après Paul, nous voyons que c’est la Croix et non la sagesse qui s’oppose à la Croix, qui a gagné dans l’histoire. Le Crucifié est sagesse, car il manifeste vraiment qui est Dieu, c’est-à-dire la puissance d’amour qui arrive jusqu’à la Croix pour sauver l’homme. Dieu utilise des méthodes et des instruments qui à première vue ne nous semblent que faiblesse. Le Crucifié révèle, d’une part, la faiblesse de l’homme et, de l’autre, la véritable puissance de Dieu, c’est-à-dire la gratuité de l’amour : c’est précisément cette gratuité totale de l’amour qui est la véritable sagesse. Une fois encore, saint Paul en a fait l’expérience jusque dans sa chair et il en témoigne dans différents passages de son parcours spirituel, devenus des points de référence précis pour chaque disciple de Jésus : « Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (2 Co 12, 9) ; et aussi : « Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort » (1Co 1, 28). L’apôtre s’identifie à tel point avec le Christ que lui aussi, malgré les nombreuses épreuves, vit dans la foi du Fils de Dieu qui l’a aimé et s’est donné lui-même pour ses péchés et pour ceux de tous (cf. Ga 1, 4 ; 2, 20). Ce fait autobiographique de l’Apôtre devient un paradigme pour nous tous.
Saint Paul a offert une admirable synthèse de la théologie de la Croix dans la deuxième Lettre aux Corinthiens (5, 14-21), où tout est contenu dans deux affirmations fondamentales : d’une part le Christ, que Dieu a identifié pour nous au péché (v. 21), est mort pour tous (v. 14) ; de l’autre, Dieu nous a réconciliés avec lui en ne nous comptant pas nos péchés (vv. 18-20). C’est par ce « ministère de la réconciliation » que chaque esclavage est désormais racheté (cf. 1 Co 6, 20 ; 7, 23). Il apparaît ici comme tout cela est important pour notre vie. Nous aussi nous devons entrer dans ce « ministère de la réconciliation » qui implique toujours le renoncement à sa propre supériorité et le choix de la folie de l’amour. Saint Paul a renoncé à sa vie en se donnant totalement pour le ministère de la réconciliation, de la Croix qui est salut pour nous tous. Et nous aussi devons savoir le faire : nous pouvons justement trouver notre force dans l’humilité de l’amour et notre sagesse dans la faiblesse de renoncer pour entrer ainsi dans la force de Dieu. Nous devons tous former notre vie sur cette véritable sagesse : ne pas vivre pour nous-mêmes, mais vivre dans la foi en ce Dieu dont nous pouvons tous dire : « Il m’a aimé et s’est donné pour moi » (Benoît XVI).

PRIÈRE : 

 

Mon Père, 
Je m’abandonne à toi,
 fais de moi 
ce qu’il te plaira.
 Quoi que tu fasses de moi, 
Je te remercie.
 Je suis prêt à tout,
 j’accepte tout. Pourvu que ta volonté 
se fasse en moi,
 en toutes tes créatures,
 je ne désire
 rien d’autre, mon Dieu. Je remets mon âme 
entre tes mains. 
Je te la donne, mon Dieu,
 avec tout l’amour
 de mon cœur,
 parce que ce m’est
 un besoin d’amour 
de me donner,
 de me remettre 
entre tes mains
 sans mesure,
 avec une infinie confiance 
car tu es mon Père (Charles de Foucauld)

 

Treizième station : Jésus est descendu de la Croix

 

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :


Chacun de nous a reçu sa part de la faveur divine selon que le Christ a mesuré ses dons. C’est pourquoi l’on dit: Montant dans les hauteurs il a emmené des captifs, il a donné des dons aux hommes. « Il est monté », qu’est-ce à dire, sinon qu’il est aussi descendu dans les régions inférieures de la terre? Et celui qui est descendu, c’est le même qui est aussi monté au-dessus de tous les cieux, afin de remplir toutes choses. C’est lui encore qui « a donné » aux uns d’être apôtres, à d’autres d’être prophètes, ou encore évangélistes, ou bien pasteurs et docteurs, organisant ainsi les saints pour l’oeuvre du ministère, en vue de la construction du Corps du Christ, au terme de laquelle nous devons parvenir, tous ensemble, à ne faire plus qu’un dans la foi et la connaissance du Fils de Dieu, et à constituer cet Homme parfait, dans la force de l’âge, qui réalise la plénitude du Christ. Ainsi nous ne serons plus des enfants, nous ne nous laisserons plus ballotter et emporter à tout vent de la doctrine, au gré de l’imposture des hommes et de leur astuce à fourvoyer dans l’erreur. Mais, vivant selon la vérité et dans la charité, nous grandirons de toutes manières vers Celui qui est la Tête, le Christ, dont le Corps tout entier reçoit concorde et cohésion par toutes sortes de jointures qui le nourrissent et l’actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même, dans la charité (Ep 4,7-16).

Je vous rappelle, frères, l’Evangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu et dans lequel vous demeurez fermes, par lequel aussi vous vous sauvez, si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé; sinon, vous auriez cru en vain. Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures, qu’il est apparu à Céphas, puis aux Douze (1 Co 15,1-5).

 

 

MÉDITATIONS :

Jésus est mort, son cœur a été transpercé par la lance du soldat et il en sortit aussitôt du sang et de l’eau: image mystérieuse du fleuve des sacrements du Baptême et de l’Eucharistie, par lesquels, à cause du cœur transpercé du Seigneur, l’Église renaît sans cesse. On ne lui a pas brisé les jambes, comme aux deux autres crucifiés; ainsi, il se manifeste comme l’agneau pascal véritable, dont aucun os ne doit être brisé (cf. Ex 12,46). Et maintenant qu’il a tout supporté, malgré tout le trouble qui agite les cœurs, malgré le pouvoir de la haine et des lâchetés, voici qu’il n’est pas demeuré seul. Il y a les fidèles. Auprès de la croix, il y avait aussi Marie, sa Mère, Marie sour de sa Mère, Marie de Magdala et le disciple qu’il aimait. Et voici qu’arrive un homme riche, Joseph d’Arimathie: ce riche trouve le moyen de passer par le trou d’une aiguille, parce que Dieu lui en donne la grâce. Il ensevelit Jésus dans son tombeau neuf, dans un jardin: à l’endroit où Jésus est enseveli, le cimetière se transforme en un jardin, le jardin d’où Adam avait été chassé lorsqu’il s’était détaché de la plénitude de la vie, lorsqu’il s’était détaché de son Créateur. Le tombeau dans le jardin nous apprend que le pouvoir de la mort arrive à son terme. Voici que s’approche aussi un membre du Sanhédrin, Nicodème; celui à qui Jésus avait annoncé le mystère de la renaissance par l’eau et l’Esprit. Même au sein du Sanhédrin, qui avait décidé sa mort, il y a quelqu’un qui croit, quelqu’un qui connaît et qui reconnaît Jésus après sa mort. Au-delà de l’heure du grand deuil, des ténèbres épaisses et du désespoir, demeure cependant, mystérieusement, la lumière de l’espérance. Le Dieu caché est cependant le Dieu vivant et proche. Le Seigneur mort reste cependant le Seigneur et notre Sauveur, même dans la nuit de la mort. L’Église de Jésus Christ, sa nouvelle famille, commence à se former (Benoît XVI).

PRIÈRE :

Salve, Regina, Mater misericordiæ, 

vita dulcedo et spes nostra salve. 

Ad te clamamus… 

illos tuos misericordes oculos ad nos converte 

et Iesum, benedictum fructum ventris tui, 

nobis post hoc exilium ostende.

Obtiens-nous la grâce de la foi, de l’espérance et de la charité,

afin que, comme toi, nous sachions nous aussi

persévérer au pied de la croix jusqu’à notre dernier souffle.

À ton Fils, Jésus, notre Sauveur,

avec le Père et avec l’Esprit Saint,

tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles. Amen.

 

Quatorzième station : Jésus est mis au tombeau             

 

TEXTES DE LA PAROLE DE DIEU :

Quand cet être corruptible aura revêtu l’incorruptibilité et que cet être mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui est écrite: La mort a été engloutie dans la victoire. Où est-elle, ô mort, ta victoire? Où est-il, ô mort, ton aiguillon? L’aiguillon de la mort, c’est le péché, et la force du péché, c’est la Loi. Mais grâces soient à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ! Ainsi donc, mes frères bien-aimés, montrez-vous fermes, inébranlables, toujours en progrès dans l’oeuvre du Seigneur, sachant que votre labeur n’est pas vain dans le Seigneur (1 Co 15,54-58).

MÉDITATION :

Jésus, objet de mépris et d’outrages, est déposé, avec tous les honneurs, dans un tombeau neuf. Nicodème apporte cent livres d’un mélange de myrrhe et d’aloès, qui doit répandre un parfum précieux. Voici que dans l’offrande du Fils se manifeste, comme au moment de l’onction de Béthanie, une démesure qui nous rappelle l’amour généreux de Dieu, la « surabondance de son amour ». Dieu s’offre généreusement lui-même. Si la mesure de Dieu est la surabondance, pour nous aussi rien ne devrait être trop, vis-à-vis de Dieu. C’est ce que Jésus lui-même nous a appris dans le discours sur la montagne (cf. Mt 5,20). Mais il faut aussi nous souvenir des paroles de saint Paul sur Dieu qui, « par nous, répand en tous lieux le parfum de sa connaissance [du Christ]. Car nous sommes bien … la bonne odeur du Christ » (2 Co 2, 14s). Au milieu de la décomposition des idéologies, notre foi devrait être à nouveau le parfum qui nous remet sur le chemin de la vie. Au moment de la mise au tombeau commence à s’accomplir la parole de Jésus : « Amen, amen, je vous le dis : si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit » (Jn 12,24). Jésus est le grain de blé qui meurt. A partir du grain de blé mort commence la grande multiplication du pain qui dure jusqu’à la fin du monde : c’est le pain de vie capable de rassasier l’humanité tout entière et de lui donner la nourriture de manière surabondante : par la croix et la résurrection, le Verbe éternel de Dieu, qui, pour nous, s’est fait chair et s’est aussi fait pain. Sur le tombeau de Jésus, resplendit le mystère de l’Eucharistie (Cardinal RATZINGER – Benoît XVI).

PRIÈRE : 

Dieu éternel et tout-puissant, dont le Fils unique est descendu aux profondeurs de la terre, d’où il est remonté glorieux : accorde à tes fidèles, ensevelis avec lui dans le baptême, d’accéder par sa résurrection à la vie éternelle. Lui qui règne.

Dieu notre Père,

que ton Esprit Saint descende en abondance

sur ceux qui viennent de célébrer la Passion et la mort de ton Fils,

dans l’espérance de leur propre résurrection .

Accorde-leur le pardon de leur péché,

le réconfort dans la détresse et l’espérance dans les épreuves.

Augmente leur foi et ouvre-leur les portes de ton amour.

Toi qui vis pour les siècles des siècles. Amen.