Semaine Sainte 2020 – 5 au 11 avril (Mt 26-27)

« Mon temps est proche, c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque » (Mt 26,18)

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SEMAINE SAINTE 2020

 

La Passion selon saint Matthieu (Mt 26 – 27)

 

PROGRAMME DE LECTURE

La Célébration de la Pâque du Christ nous enseigne que le chrétien dans l’Eglise doit mourir avec le Christ pour ressusciter avec lui. Et elle ne fait pas que l’enseigner, elle l’opère. La Pâque n’est pas une simple commémoration; elle est la Croix et le Tombeau vide rendus présents. Mais maintenant ce n’est plus le Chef qui doit s’étendre sur la croix pour se relever du tombeau; c’est son corps, l’Eglise, et dans ce corps c’est chacun de ses membres que nous sommes. Louis BOUYER

Nous proposons un programme particulier de lectio divina pour la Grande Semaine de la célébration de notre Salut. Nous prendrons comme texte de référence le récit de la Passion du Christ dans l’Evangile selon saint Matthieu, en Mt 26,14 à 27,66.

             

 

COMMENT VIVRE LA LECTIO DIVINA QUOTIDIENNE

Commencer le temps quotidien de Lectio Divina par une prière à l’Esprit Saint. On peut prier par exemple une strophe du « Veni Creator » : « Viens, Esprit Créateur nous visiter, Viens éclairer l’âme de tes fils ; Emplis nos cœurs de grâce et de lumière, toi qui créas toute chose avec amour ».

Lire avec attention les textes proposés pour la journée. Les accueillir comme notre nourriture du jour, les prier en silence, ruminer cette Parole de Dieu.

Conclure le temps de Lectio divina par une acclamation de la Parole de Dieu reçue, par le Notre Père ou par une autre prière. Par exemple : « Dieu éternel et tout-puissant, pour montrer au genre humain quel abaissement il doit imiter, tu as voulu que notre Sauveur, dans un corps semblable au nôtre, subisse la mort de la croix : accorde-nous cette grâce de retenir les enseignements de sa passion et d’avoir part à sa résurrection. Lui qui règne avec toi et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen »

 

 

DIMANCHE 5 AVRIL 2020 – RAMEAUX

             

Lecture suivie : Mt 26, 14 à 27, 66   « non pas comme je veux, mais comme tu veux »

Texte de méditation : SAINT ANDRÉ DE CRÈTE (Homélie pour les Rameaux

Venez, gravissons ensemble le mont des Oliviers; allons à la rencontre du Christ. Il revient aujourd’hui de Béthanie et il s’avance de son plein gré vers sa sainte et bienheureuse passion, afin de mener à son terme le mystère de notre salut.

 Il vient donc, en faisant route vers Jérusalem, lui qui est venu du ciel pour nous, alors que nous étions gisants au plus bas, afin de nous élever avec lui, comme l’explique l’Ecriture, au-dessus de toutes les puissances et de toutes les forces qui nous dominent, quel que soit leur nom.

 Et il vient sans ostentation et sans faste. Car, dit le prophète, il ne protestera pas, il ne criera pas, on n’entendra pas sa voix. Il sera doux et humble.

             

 

LUNDI 6 AVRIL – LUNDI SAINT

 

Lecture suivie : Mt 26, 17 – 29   « ceci est le sang de l’alliance répandu pour la multitude »

Texte de méditation : CARDINAL J.M. BERGOGLIO (PAPE FRANÇOIS) (Catéchèse)

Si l’Église naît et chemine pour la vie du monde, le moment le plus important de sa fonction, c’est bien celui de l’institution de l’Eucharistie. Son fondement se réfère à la totalité du triduum pascal. Ici, tout est contenu et concentré dans l’Eucharistie. Jésus Christ a confié à l’Église l’actualisation permanente du mystère pascal. Par ce don, il a institué une mystérieuse contemporanéité entre le triduum pascal et la vie ecclésiale, tout au cours des siècles. Chaque fois que nous célébrons le saint mystère, les sources de l’Église sont anticipées et concentrées dans l’Eucharistie. C’est à travers ce don que le Seigneur institue cette mystérieuse contemporanéité entre lui et le passage des siècles. Il me semble que l’intention du Seigneur nous oriente vers la disposition et la préparation du récipiendaire du don, c’est-à-dire le cœur du disciple dans sa dimension personnelle et ecclésiale. En concentrant tout ce moment dans le don eucharistique, le Seigneur réussit à faire prendre conscience aux disciples qu’ils sont une partie prenante de ce grand sacrifice rédempteur. Le désir de l’alliance du Seigneur, son abandon, son don, sa mort sur la croix ne sont pas des faits isolés : ils visent plutôt à imprégner la mémoire des croyants avec le don eucharistique de la dernière Cène.

 

MARDI 7 AVRIL – MARDI SAINT

 

Lecture suivie : Mt 26, 17 – 29   « ceci est le sang de l’alliance répandu pour la multitude »

Texte de méditation : Epître de saint Paul aux Philippiens (Ph 2, 1 – 11)

Aussi je vous en conjure par tout ce qu’il peut y avoir d’appel pressant dans le Christ, de persuasion dans l’Amour, de communion dans l’Esprit, de tendresse compatissante, mettez le comble à ma joie par l’accord de vos sentiments : ayez le même amour, une seule âme, un seul sentiment ; n’accordez rien à l’esprit de parti, rien à la vaine gloire, mais que chacun par l’humilité estime les autres supérieurs à soi ; ne recherchez pas chacun vos propres intérêts, mais plutôt que chacun songe à ceux des autres. Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus : Lui, de condition divine, n’a pas revendiqué son droit d’être traité comme l’égal de Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix ! Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu’il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.

 

MERCREDI 8 AVRIL – MERCREDI SAINT

 

Lecture suivie : Mt 26, 30 – 35 « je frapperai le berger et les brebis seront dispersées »

Texte de méditation : SAINT BERNARD – XIIe s. (Sermon pour les Sts Apôtres)

   C’est avec raison, mes frères, que l’Église applique aux saints apôtres Pierre et Paul ces paroles du Sage : « Ce sont des hommes de miséricorde, dont les bienfaits ne tombent pas dans l’oubli ; les biens qu’ils ont laissés à leur postérité subsistent toujours » (Si 44,10-11). Oui, on peut bien les appeler des hommes de miséricorde : parce qu’ils ont obtenu miséricorde pour eux-mêmes, parce qu’ils sont pleins de miséricorde, et que c’est dans sa miséricorde que Dieu nous les a donnés.

 Voyez, en effet, quelle miséricorde ils ont obtenue. Pour ce qui est du bienheureux Pierre, j’ai une chose à vous dire, mais une chose d’autant plus sublime qu’elle est unique. En effet, si Paul a péché, il l’a fait sans le savoir, car il n’avait pas la foi ; Pierre au contraire avait les yeux grands ouverts au moment de sa chute (Mt 26,69s). Mais « là où la faute a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20). Si saint Pierre a pu s’élever à un tel degré de sainteté après avoir fait une chute si lourde, qui pourra désormais désespérer, pour peu qu’il veuille lui aussi sortir de ses péchés ? Remarquez ce que dit l’Évangile : « Il sortit et pleura amèrement » (v. 75). Vous avez entendu quelle miséricorde les apôtres ont obtenue, et désormais personne parmi vous ne sera accablé de ses fautes passées plus qu’il ne faut. Si tu as péché, Paul n’a-t-il pas péché davantage ? Si tu as fait une chute, Pierre n’en a-t-il pas fait une plus profonde que toi ? Or, l’un et l’autre, en faisant pénitence, non seulement ont obtenu le salut mais sont devenus de grands saints, sont même devenus les ministres du salut, les maîtres de la sainteté. Fais donc de même, mon frère, car c’est pour toi que l’Écriture les appelle « des hommes de miséricorde ».

             

 

JEUDI 9 AVRIL – JEUDI SAINT

 

Lecture suivie : Mt 26, 36 – 56    « veillez et priez pour ne pas entrer en tentation »

Texte de méditation : SAINT EPHREM – IVe s. (Diatessaron) :

 « Si c’est possible, que cette coupe s’éloigne de moi » (Mt 26,39). Pourquoi as-tu repris Simon-Pierre qui disait : « Que cela ne t’arrive pas, Seigneur ! » (Mt 16,22), toi qui dis maintenant : « Si c’est possible, que cette coupe s’éloigne de moi » ? Il savait bien ce qu’il disait à son Père, et qu’il était possible que cette coupe s’éloigne, mais il était venu la boire pour tous, afin d’acquitter par cette coupe la dette que la mort des prophètes et des martyrs ne pouvait pas payer. Pour apporter par sa Passion le réconfort à ses disciples, Jésus ressenti ce qu’ils ressentent. Il a pris en lui leur peur afin de leur montrer, par la ressemblance de son âme, qu’il ne faut pas se vanter au sujet de la mort avant de l’avoir subie. Si, en effet, celui qui ne craint rien a eu peur et a demandé d’être délivré alors qu’il savait que c’était impossible, combien plus faut-il que les autres persévèrent dans la prière avant la tentation afin d’en être délivrés lorsqu’elle se présentera. « Non, Père, dit Jésus, mais que ta volonté soit faite » : que je meure pour donner la vie à une multitude.

 

VENDREDI 10 AVRIL – VENDREDI SAINT

 

Lecture suivie : Mt 26, 57 à 27,50 « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Texte de méditation : SAINT JEAN-PAUL II  (Novo millenio ineunte)

Nous ne cesserons jamais d’explorer la profondeur abyssale de ce mystère. Toute l’âpreté de ce paradoxe se manifeste dans le cri de douleur, apparemment désespéré, que Jésus fait entendre sur la Croix: « « Éloï, Éloï, lama sabactani? », ce qui signifie: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » » (Mc 15,34). Est-il possible d’imaginer un supplice plus grand, une obscurité plus dense? En réalité, tout en conservant le réalisme d’une douleur indicible, le « pourquoi » angoissé que Jésus adresse à son Père avec les premiers mots du Psaume 22 s’éclaire à la lumière de l’ensemble de la prière dans laquelle le psalmiste unit, dans un mélange touchant de sentiments, la souffrance et la confiance. En effet, le Psaume continue: « C’est en toi que nos pères espéraient, ils espéraient et tu les délivrais… Ne sois pas loin: l’angoisse est proche, je n’ai personne pour m’aider » (Ps 22[21],5.12). Chers Frères et Sœurs, le cri de Jésus sur la Croix n’exprime pas l’angoisse d’un désespéré, mais la prière du Fils qui offre sa vie à son Père dans l’amour, pour le salut de tous. Au moment où il s’identifie à notre péché, « abandonné » par son Père, il « s’abandonne » entre les mains de son Père. Ses yeux restent fixés sur son Père.

             

 

SAMEDI 11 AVRIL – SAMEDI SAINT

 

Lecture suivie : Mt 27, 51 – 66     « vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu ! »

Texte de méditation : HOMÉLIE ANCIENNE

Un grand silence règne sur la terre, un grand silence et une grande solitude. Un grand silence parce que le Christ notre Roi dort. La terre a tremblé et s’est calmée parce que Dieu s’est endormi dans la chair et qu’il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles. C’est le Premier homme, Adam, qu’il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aller visiter tous ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort. Il va pour délivrer de leurs douleurs Adam dans les liens et Eve, captive avec lui, Lui qui est en même temps leur Dieu et leur Fils. Au milieu des ténèbres de ce lieu des morts, un pas se fait entendre ; Adam y reconnaît les pas de Celui qui se promenait à la brise du soir, au jardin du Paradis ; il se redresse, et à ses compagnons de captivité, il dit : Reprenez courage, j’entends le bruit des pas du Bien-Aimé, il vient; il est tout proche celui qui vient nous sauver. « Viens, Seigneur Jésus, viens nous relever ». Au milieu de la nuit, un cri s’est fait entendre : « Voici l’Époux qui vient ; venez à sa rencontre ». Le Seigneur est descendu aux enfers, il s’est avancé vers tous ceux qui étaient plongés dans les ténèbres de la mort ; il s’est avancé vers eux muni de sa croix, l’arme de sa victoire. Adam, le premier homme se frappant la poitrine dans sa stupeur, s’écria vers tous les autres : « Mon Seigneur avec nous tous ! » Et le Christ répondit à Adam : « Et avec ton esprit ». Jésus le prend par la main et le relève en disant : Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. « Je suis ton Dieu, et à cause de toi, je suis devenu ton Fils. Lève-toi, toi qui dormais, relève-toi, œuvre de mes mains ».

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