Triduum Pascal : Lectio divina thématique

Lectio Divina thématique pour le Triduum Pascal

Version imprimable – TRIDUUM PASCAL 

 

Je vous ai transmis ce que j’avais moi-même reçu :

Le Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures,

il a été mis au tombeau,

il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures,

il est apparu à Céphas, puis aux Douze… (1 Co 15,3-5).

 

Durant le Triduum Pascal :

 

  • L’Eglise célèbre et revit le mystère pascal du Christ; c’est-à-dire le mystère de sa mort et de sa résurrection.
  • L’Eglise nous invite à revenir à la source de notre foi : « Jésus-Christ est mort pour nos péchés et il est ressuscité pour nous donner sa vie divine et faire de nous des enfants de Dieu. »
  • Cette vie divine, nous l’avons reçue le jour de notre baptême. Par le baptême nous devenons enfants de Dieu, dans la résurrection du Christ.

Là est le sens de la Pâque : Elle nous enseigne que le chrétien dans l’Eglise doit mourir avec le Christ pour ressusciter avec lui. Et elle ne fait pas que l’enseigner, comme on montrerait du doigt quelque chose que l’on ne tient pas en son pouvoir. Elle l’opère. La Pâque, c’est le Christ qui est mort et ressuscité, une fois, nous faisant mourir de sa mort et nous ressuscitant à sa vie.

Ainsi la Pâque n’est-elle pas une simple commémoration; elle est la Croix et le Tombeau vide rendus présents. Mais maintenant ce n’est plus le Chef qui doit s’étendre sur la croix pour se relever du tombeau; c’est son corps, l’Eglise, et dans ce corps c’est chacun de ses membres que nous sommes. Louis Bouyer

Au cours du Triduum pascal, la liturgie nous invite à méditer la passion, la mort et la résurrection du Seigneur. Les rites de la messe chrismale, célébrée demain matin, expriment la plénitude du Sacerdoce du Christ ainsi que la communion ecclésiale qui doit animer le peuple chrétien réuni pour le sacrifice eucharistique et vivifié dans l’unité par le don de l’Esprit Saint. Au cours de la messe du soir, l’Église commémore l’institution de l’Eucharistie, le sacerdoce ministériel et le commandement nouveau de la charité, laissés par Jésus à ses disciples. Cette célébration nous invite à rendre grâce à Dieu pour le don de l’Eucharistie, que nous devons accueillir avec dévotion et adorer avec foi. Commémorant la passion et la mort de Jésus en Croix, le Vendredi-Saint est un jour de tristesse, mais il est en même temps le moment propice pour réveiller notre foi, pour renforcer notre espérance et notre courage afin de porter notre croix avec humilité et confiance en Dieu, sûrs de son soutien et de sa victoire. Dans le grand silence du Samedi-Saint, l’Église veille en prière, partageant les sentiments de douleur et de confiance en Dieu de Marie. Ce recueillement nous conduira à la Veillée pascale, où éclatera la joie de Pâques. Alors sera proclamée la victoire de la lumière sur les ténèbres, de la vie sur la mort et l’Église se réjouira de sa rencontre avec son Seigneur (BENOÎT XVI).

NOTE : Pour chacun des jours saints, on pourra choisir tout ou partie des références proposées ci-dessous. Les références sont réparties selon quelques thèmes majeurs de ce que l’Eglise célèbre durant ces jours saints.

 

 

JEUDI SAINT

« Jésus, ayant aimé les siens… les aima jusqu’au bout » (Jn 13,1)

L’Heure de Jésus

Tout le projet divin sur l’homme, expression de l’Amour trinitaire éternel, se concentre et culmine dans l’Heure de Jésus. Cette Heure unique vers laquelle tend l’incarnation du Verbe éternel, cette Heure que prépare tout le ministère de Jésus, cette Heure unique qui ne cessera d’illuminer toute l’histoire de l’Eglise et des croyants, est l’Heure de l’Accomplissement. C’est l’Heure du Don total. Cette Heure met en relation le temps des hommes et l’éternité de Dieu.

                   Jn 2,1-11             Jn 17,1-8

                   Jn 13,1-17           Ap 21,2-7

                   1 Co 2,6-10

 

Jésus, Grand-Prêtre de l’Alliance Nouvelle

Le Christ est tout à la fois l’offrant et l’offrande, le prêtre et le sacrifice. L’offrande qu’il présente est parfaite parce qu’elle n’est autre que lui-même, définitivement donné, offert, livré pour nous. Il fait ainsi entrer le peuple, qu’il s’est acquis par son sang, dans l’Alliance nouvelle et éternelle.

              Jr 31,1-14            Gn 14,18-20          Hb 7,20-28

              Jr 31,31-34           Ps 110,1-7            Hb 10,11-25

              1 Co 11,23-29       Hb 6,19-20

 

Jésus Christ, Pain de Vie

 


Notre Dieu est un Donateur. Le Père nous offre le Don suprême dans l’offrande de son Fils. En ce Don est la Vie, la communion avec le Donateur.

               Ex 16,3-21           Mt 6,11               Jn 15,4-17

               Dt 8,2-10             Jn 6,3-15            Lc 24,28-35

               Sg 16,20-21         Jn 6,22-59

MÉDITATION :

 Dans la Messe de l’après-midi, appelée in Coeni Domini, l’Eglise commémore l’institution de l’Eucharistie, le sacerdoce ministériel et le commandement nouveau de la charité, laissé par Jésus à ses disciples. Saint Paul offre l’un des témoignages les plus antiques de ce qui est survenu dans le Cénacle, la veille de la passion du Seigneur : « La nuit même où il était livré, le Seigneur Jésus – écrit-il, au début de l’an cinquante, se fondant sur un te xte qu’il avait reçu du cercle du Seigneur lui-même – prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps qui est pour vous Faites cela en mémoire de moi ». Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi » » (1 Co 11, 23-25). Des paroles chargées de mystère, qui manifestent avec clarté la volonté du Christ: sous les espèces du pain et du vin, Il se rend présent avec son Corps donné et avec son sang versé. C’est le sacrifice de l’alliance nouvelle et définitive offerte à tous, sans distinction de race et de culture. Et de ce rite sacramentel, qu’il remet à l’Eglise comme preuve suprême de son amour, Jésus constitue ministres ses disciples et tous ceux qui poursuivro nt son ministère au cours des siècles. Le Jeudi saint constitue donc une invitation renouvelée à rendre grâce à Dieu pour le don suprême de l’Eucharistie, qu’il faut accueillir avec dévotion et adorer avec une foi vivante. Pour cela, l’Eglise encourage, après la célébration de la Messe, à veiller en présence du Très Saint Sacrement, en rappelant l’heure triste que Jésus passa dans la solitude et la prière au Gethsémani, avant d’être arrêté et d’être ensuite condamné à mort (Benoît XVI – 8 avril 2009).

 

 

VENDREDI SAINT

 

L’Heure des ténèbres

L’Heure de Jésus est aussi l’heure du Prince des ténèbres, comme les deux aspects complémentaires du même mystère du Salut. Heure du combat et de la Victoire définitive de l’Agneau immolé ; Heure de la lutte de l’Amour contre le Péché, le Mal : Dans son triomphe, il nous délivre du Mal.

             Gn 3,1-11             Jn 12,23-33          Jn 17,5-26

             Mt 26,36-46          Jn 14,27-31          Lm 1,15-22

             Mi 6,1-5               Jn 16,7-15            Lm 5,1-22

 

Jésus, l’Agneau Pascal

De l’Agneau désigné par Jean à ses disciples, à l’agneau « debout, ressuscité » de l’Apocalypse (Ap 4), il y a tout le don de celui qui s’est fait Serviteur, s’abaissant jusqu’à la mort et la mort de la Croix (Ph 2).

             Is 42,1-9             Is 52,13 – 53,12         Gn 22,1-19

             Is 49,1-9             Ps 22,1-22                 Hb 2,10-18

             Is 50,4-10           2 Sm 15,23.30            Jn 1,29

 

Jésus, le Fils du Père miséricordieux

Devant le péché des hommes, leur abandon, leur recherche d’une vaine et illusoire autonomie, loin du Créateur, l’Amour trinitaire se révèle un Amour de Miséricorde. La contemplation de cette miséricorde nous ouvre à l’action de grâce.

             Ex 3,7-15             Os 11,1-9                Lc 15, 1-32

             Dt 7,6-9               Ep 2,1-11                2 Co 5,14 à 6,2

MÉDITATION :

 La Semaine Sainte, qui pour nous chrétiens est la semaine la plus importante de l’année, nous offre l’opportunité de nous plonger dans les événements centraux de la Rédemption, de revivre le Mystère pascal, le grand Mystère de la foi. A partir de demain après-midi, avec la Messe in Coena Domini, les rites liturgiques solennels nous aideront à méditer de manière plus vive la passion, la mort et la résurrection du Seigneur pendant les jours du saint Triduum pascal, foyer de toute l’année liturgique. Puisse la grâce divine ouvrir nos cœurs à la compréhension du don inestimable qu’est le salut que nous a obtenu le sacrifice du Christ. Ce don immense, nous le trouvons merveilleusement raconté dans un célèbre hymne contenu da ns la Lettre aux Philippiens (cf. 2, 6-11), que nous avons plusieurs fois médité au cours du Carême. L’Apôtre reparcourt de manière à la fois essentielle et efficace, tout le mystère de l’histoire du salut, évoquant l’orgueil d’Adam qui, bien que n’étant pas Dieu, voulait être comme Dieu. Et il oppose cet orgueil du premier homme, que nous ressentons tous un peu au fond de nous, l’humilité du vrai Fils de Dieu qui, en devenant homme, n’hésita pas à prendre sur lui toutes les faiblesses de l’être humain, à l’exception du péché, et alla jusqu’aux profondeurs de la mort. A cette descente dans l’ultime profondeur de la passion et de la mort suit son exaltation, la vraie gloire, la gloire de l’amour qui est allé jusqu’au bout. Et c’est pourquoi il est juste – comme le dit Paul –  que « tout, au nom de Jésus, s’agenouille au plus haut des cieu x, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame de Jésus Christ qu’il est le Seigneur » (2, 10-11). Saint Paul fait allusion par ces mots à une prophétie d’Isaïe où Dieu dit : Je suis le Seigneur, que tout s’agenouille devant moi au plus haut des cieux et sur la terre (cf. Is 45, 23). Cela – dit Paul – vaut pour Jésus Christ. Lui réellement, dans son humilité, dans la vraie grandeur de son amour, est le Seigneur du monde et devant lui réellement tout s’agenouille.

Combien ce mystère est à la fois merveilleux et surprenant ! Nous ne méditons jamais suffisamment cette réalité. Jésus, tout en étant Dieu, ne voulut pas faire de ses prérogatives divines une possession exclusive ; il ne voulut pas faire usage du fait d’être Dieu, de sa dignité glorieuse et de sa puissance, comme instrument de triomphe et signe de distance par rapport à nous. Au contraire, « il se vida lui-même » en assumant la misérable et faible condition humaine – Paul utilise à cet égard un verbe grec très fort pour indiquer la kénosis, cette descente de Jésus. La forme (morphé) divine se cacha en Christ sous la forme humaine, c’est-à-dire sous notre réalité marquée par la souffrance, par la pauvreté, par nos limites humaines et par la mort. Le partage radical et vrai de notre nature, partage en toute chose à l’exception du péché, le conduisit jusqu’à cette frontière qui est le signe de notre finitude, la mort. Mais tout cela n’a pas été le fruit d’un mécanisme obscur ou d’une aveugle fatalité : ce fut plutôt son libre choix, par adhésion généreuse au dessein salvifique du Père. Et la mort au devant de laquelle il alla – ajoute l’apôtre –  fut celle de la croix, la plus humiliante et dégradante que l’on puisse imaginer. Tout cela le Seigneur de l’univers l’a accompli par amour pour nous : par amour il a voulu « se vider lui-même » et se faire notre frère ; par amour il a partagé notre condition, celle de tout homme et de toute femme. Un grand témoin de la tradition orientale, Théodoret de Cyr, écrit à ce propos : « Etant Dieu et Dieu par nature et ayant l’égalité avec Dieu, il n’a pas estimé que ce fût quelque chose de grand, comme le font ceux qui ont reçu quelque honneur supérieur à leurs mérites, mais cachant ses mérites, il a choisi l’humilité la plus profonde et il a pris la forme d’un être humain » (Commentaire à l’épître aux Philippiens, 2, 6-7).


Nous arrivons ainsi au Vendredi saint, jour de la Passion et de la crucifixion du Seigneur. Chaque année, en nous tenant en silence devant Jésus cloué au bois de la croix, nous ressentons combien les paroles qu’Il a prononcées la veille, au cours de la Dernière Cène, sont pleines d’amour. « Ceci est mon sang de l’Alliance, répandu pour la multitude » (cf.Mc 14, 24). Jésus a voulu offrir sa vie en sacrifice pour la rémission des péchés et de l’humanité. Comme devant l’Eucharistie, ainsi, devant la passion et la mort de Jésus sur la Croix, le mystère devient insondable pour la raison. Nous nous trouvons face à  quelque chose qui humainement, pourrait paraître absurde : un Dieu qui non seulement se fait homme, avec tous les besoins de l’homme, non seulement souffre pour sauver l’homme en se chargeant de toute la tragédie de l’humanité, mais qui meurt pour l’homme.

La mort du Christ rappelle l’accumulation de douleurs et de maux qui pèsent sur l’humanité de tout temps : le poids écrasant de notre mort, la haine et la violence qui aujourd’hui encore, ensanglantent la terre. La passion du Seigneur se poursuit dans la souffrance des hommes. Comme l’é ;crit à juste titre Blaise Pascal : « Jésus sera à l’agonie jusqu’à la fin du monde, il ne faut pas dormir pendant ce temps » (Pensées, 553). Si le Vendredi saint est un jour plein de tristesse, il est donc dans le même temps un jour plus que jamais propice pour restaurer notre foi, renforcer notre espérance et le courage de porter chacun notre croix avec humilité, confiance et abandon en Dieu, assurés de son soutien et de sa victoire. La liturgie de ce jour chante: O Crux, ave, spes unica – Salut, ô croix, unique espérance ! » (Benoît XVI – 8 avril 2009).

 

 SAMEDI SAINT

 

Le Repos

Par sa mort, sa mise au tombeau, Jésus fait entrer le peuple de Dieu dans ce Repos qui accomplit celui du 7e jour de la Création du monde, et celui qui signifiait, pour le peuple guidé par Moïse, l’entrée en Terre Promise. Par sa mort, Jésus a vaincu la mort. Désormais les croyants ne sont plus prisonniers des liens de la mort, mais ils se reposent dans la paix.

            Hb 4,3b-16            Jn 19,28-42             Dt 6,1-13

            Gn 2,20-24             Lc 23.44-56

            Ep 5,25-33             Jn 11,11-28

 

L’attente vigilante de Marie

Le Samedi-Saint, l’Eglise s’unit à l’attente vigilante, à l’Espérance encore voilée, de la Vierge-Marie. Ce jour si particulier vient creuser en notre cœur le désir de la Venue du Seigneur, de sa Victoire, de son Amour plus fort que la mort.

            Lc 1,37-38              Lc 8,20-21              1 Th 5.1-11

            Lc 2,25-38              Ct  3,1-5 ; 8,6-7       Jn 2,1-11

            Lc 2,51                  Lc 2,41-51               Jn 19.25-30

 

Il est descendu aux Enfers

Aux yeux des hommes, tout est fini, il est enfermé dans la mort. Au regard de la foi, nous découvrons qu’il a pleinement accompli l’abaissement de son Incarnation jusqu’à descendre dans le séjour des morts pour en libérer ceux qui y gisaient depuis le premier homme. Il leur communique sa charité et les fait enfants du Père.

           2 Co 4,1-18              Ep 4,7-16              Mt 25.5-7 Ct 2.8-16

           1 Jn 3,1-2                Rm 8.28-39           Mt 24,42-46

           1 Co 13,1-13            Ep 1,3-14              Ep 5,14

MÉDITATION : 

L’espérance du salut s’alimente dans le grand silence du Samedi saint, dans l’attente de la Résurrection de Jésus. En ce jour, les Eglises sont dépouillées et aucun rite liturgique particulier n’est prévu. L’Eglise veille en prière comme Marie et avec Marie, en partageant les mêmes sentiments de douleur et de confiance en Dieu. On recommande à juste titre de demeurer au cours de toute la journée dans un climat de prière, favorable à la méditation et à la réconciliation ; on encourage les fidèles à avoir recours au sacrement de la Pénitence, pour pouvoir participer réellement renouvelés aux fêtes de Pâques.

Le recueillement et le silence du Samedi saint nous conduiront dans la nuit à la Veillée pascale solennelle, « mère de toutes les veillées », lorsque s’élèvera dans toutes les églises et communautés le chant de la joie pour la résurrection du Christ. Une fois de plus, la victoire de la lumière sur les ténèbres, de la vie sur la mort, sera proclamée, et l’Eglise se réjouira dans la rencontre avec son Seigneur. Nous entrerons ainsi dans le climat de la Pâque de Résurrection.

Chers frères et sœurs, préparons-nous à vivre intensément le Saint Triduum, pour participer toujours plus profondément au Mystère du Christ. La Sainte Vierge nous accompagne sur cet itinéraire, elle qui a suivi en silence le Fils Jésus jusqu’au Calvaire, en prenant part avec une grande peine à son sacrifice, coopérant ainsi au mystère de la Rédemption et devenant Mère de tous les croyants (cf. Jn 19, 25-27). Avec elle, nous entrerons dans le Cénacle, nous demeurerons au pied de la Croix, nous veillerons idéalement auprès du Christ mort en attendant avec espérance l’aube du jour radieux de la résurrection. Dans cette perspective, je forme dès à présent à votre égard les vœux les plus cordiaux pour une heureuse et sainte Pâque, avec vos famille s, vos paroisses et vos communautés (Benoît XVI – 8 avril 2009).